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Alexandre Bertrand

Besançon 1814 - Besançon, 1878


Les albums de dessins d'Alexandre Bertrand sont remplis d'anecdotes et de croquis savoureux qui balayent la seconde moitié du xixe siècle.​
Il est formé à Besançon au lycée, par l'artiste-peintre Charles-Antoine Flajoulot (1774-1840), comme Courbet et Pasteur. Mais il n'a pas vécu de son œuvre picturale. Son père meurt en 1836, il a vingt-deux ans. Il devient finalement agent principal des assurances-vie l'Union à Besançon. Ses albums sont donnés après son décès, par sa veuve Julie Bertrand en 1901, selon les Annales Francs-Comtoises​.




Charges (1843)

La bibliothèque [de Besançon] conserve "Charges" en quatre albums, ce sont des caricatures de personnalités locales de Besançon (1843). Ces albums n'ont probablement pas été lithographiés.

Mémoire Vive Besançon : Charges, 1843.




Souvenir d'un voyage dans le midi de la France (1854)

En 1854, Alexandre Bertrand accompagne un ami à Marseille. Il visite alors Lyon et le Musée des Beaux-Arts dont il connaît les toiles, depuis 1843. À Marseille, il retrouve des toiles vues aux expositions de Paris. Il raconte le port, les monuments et les curiosités de la ville. Il visite Toulon, Nîmes, Avignon, Arles, Vienne, Valence, Montélimar et il conclut son voyage à la façon de Joachim du Bellay : « Je n'ai jamais trouvé la Comté aussi belle et aussi riche, Besançon aussi curieux, ma chambre aussi confortable. »

Mémoire Vive Besançon : Souvenir d'un voyage dans le midi de la France, 1854.




Croquis de voyage à Alger et à Barcelone (1857)

Invité par un ami à Alger, Alexandre Bertrand part en train, il passe par Lyon et Marseille. Puis il traverse la Méditerranée à bord d’un bateau à hélice, l’Avenir. Il découvre le mal de mer. Enchanté par l’exotisme d'Alger, ville « des mille et une nuit », il la décrit et la dessine longuement ainsi que les cadeaux achetés dans le bazar. Les ambiances orientales rappellent les tableaux de Delacroix. Au retour, il découvre Montpellier et Perpignan. Il traverse les Pyrénées pour se rendre à Barcelone. La bibliographie permet de comprendre le travail de Bertrand. Ces cahiers sont un travail abouti, d’après esquisses de voyage et copie d’estampes.

Mémoire Vive Besançon : Croquis de voyage à Alger et à Barcelone (1857).



Barbisier à l'Exposition universelle de Besançon (1860)

L'exposition universelle a lieu à Besançon en 1860. Bertrand s'associe avec un imprimeur pour publier ses dessins. Malheureusement pour lui, il s'agit d'une mauvaise association et son travail n'est pas publié sous la forme qu'il souhaitait. Il raconte ses déboires dans son manuscrit.

Mémoire Vive Besançon : Barbisier à l'Exposition universelle de Besançon (1860).




Course sur les bords du Rhin (1861)

Le voyage en Allemagne est intéressant pour la rencontre de Alexandre Bertrand avec son camarade Jules Lunteschütz, artiste-peintre né à Besançon et caricaturé en 1843. Jules Lunteschütz vit alors à Francfort. Dans cet album, il est question du portrait d’un vieux philosophe, probablement Schopenhauer, œuvre la plus connue de Jules Lunteschütz. Son ami est l’un des seuls qui n’est pas anonyme dans son récit. Ils visitent ensemble différents ateliers.

Alexandre Bertrand raconte « Nous avons rencontré le père de la Reine d’Autriche et de la Reine de Naples. Il est logé place de Goethe et s’occupe de photographie. » Il s’agit du père de l'impératrice d'Autriche Sissi, Maximilien, Duc en Bavière. À Metz, il visite une exposition où les bisontins Gigoux et Lunteschütz sont exposés et joint à l'album, les cartes des hôtels et programmes de théâtre et de concert. Le nom d'Alexandre Bertrand apparaît dans le catalogue de la deuxième exposition de la Société des amis des Beaux-Arts de Besançon. Il est alors membre de la commission administrative de la société.

Mémoire Vive Besançon : Course sur les bords du Rhin (1861).




Deux saisons à Vichy (1868-1869)

Alexandre Bertrand perd sa mère en 1862 et épouse une veuve, Françoise Julie Martin, en 1863. Les témoins sont Nestor Bavoux et Charles Leyritz. Son frère Aimé, docteur, se marie en 1866. Voici les deux frères célibataires installés.

Napoléon III lance la mode des cures à Vichy entre 1861 et 1864. Alexandre Bertrand raconte ses bains et promenades à Vichy, il note son poids, sa correspondance, ses emplettes et les cadeaux achetés pour les amis et son frère Aimé. En 1869, Aimé et son épouse les accompagnent pour leur cure.

Mémoire Vive Besançon : Deux saisons à Vichy (1868-1869).




Aix en septembre (1872)

La sortie de la gare d'Aix est laborieuse avec tous les représentants des hôtels qui sollicitent les voyageurs. Il remarque tous les dessinateurs, photographes et peintres en ville et note la présence de bisontins ou de personnalités célèbres, comme le Duc d'Aumale. Il quitte Aix le 23 septembre pour Chambéry, puis Annecy.

Alexandre Bertrand note « Nous n’avons que des vêtements légers, Julie est obligée d’acheter des bottines ». Le séjour se termine à Lyon pour visiter l'exposition. L'album est enrichi de la brochure "Quinze jours à Aix-les-Bains" par Th. Bruand d'Uzelle (Besançon : Dodivers, 1860) donné par son auteur et qui a certainement aidé à organiser ce séjour. La famille Bertrand retournera ensuite, tous les étés à Vichy.

Mémoire Vive Besançon : Aix en septembre (1872).




Vichy (1871-1877)

La première partie de l'album concerne la maison de Canot, chez les parents de Julie. Le couple part à Vichy en 1871, puis de nouveau en 1873, avec Maria la domestique. Celle-ci prend des douches, en est indisposée et doit rester au lit. Alexandre Bertrand note une rencontre en 1874 avec le peintre Henri Baron. Cette année là, le couple rencontre des problèmes pour engager une domestique. A. Bertrand croque le peintre Ernest Meissonnier, artiste peintre, spécialiste de la peinture d'histoire militaire, en 1876.

On trouve dans Gallica une brochure L'"Union", Compagnie d'assurances sur la vie, Instructions à Messieurs les agents principaux, de 1866. Alexandre Bertrand avait certainement reçu ces instructions.

Mémoire Vive Besançon : Vichy (1871-1877).




Souvenirs (1864-1878)

De 1864 à 1878, l'artiste consigne ses souvenirs, les sinistres et les décès, dont il a connaissance grâce à son métier d'assureur. Il cesse son activité en 1872. Les albums de souvenirs résument quatorze ans de vie bisontine et complètent les charges de 1843. En effet, les caricatures anonymes mentionnaient les dates de naissance et de décès. Une liste des décès connus de 1864 à 1875, dans les souvenirs permet de retrouver les noms des portraits. Alexandre Bertrand décède le 3 décembre 1878. Son acte de décès le mentionne comme propriétaire. Le décès de son frère Aimé est annoncé le 4 décembre 1878.

Cet artiste facétieux était méticuleux et organisé comme un assureur. Il laisse une œuvre singulière, un beau témoignage de la vie sous le second Empire.

Mémoire Vive Besançon : Souvenirs (1864-1878).




Les textes et les visuels de cette entrée proviennent du site des archives municipales de Besançon :
Mémoire Vive : Charges et souvenirs d'un amateur éclairé / Alexandre Bertrand.