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Claude-Antoine Beau

Besançon,1792 - Paris, 1861


Claude-Antoine Beau, "le père Beau", naît à Besançon en 1792, meurt à Paris en 1861. Il fut professeur de dessin au petit séminaire d'Ornans où il enseigna le dessin et la peinture à Gustave Courbet et également à Charles Pouchon, condisciple et ami de Courbet.


• Yves Messmer, le président de la Société d’archéologie et d’histoire du plateau d’Ornans et d’Amancey, est bouleversé par la récente découverte qu’il a faite : « Nous avons retrouvé des tableaux de Claude Antoine Beau, Maître, professeur de peinture et ami intime de Gustave Courbet, grâce à des personnes qui doivent rester anonymes. Ce sont des copies qu’il a faites à partir des œuvres de peintres parmi les plus prestigieux. Dans tous les thèmes religieux qu’il a ainsi reproduits, on retrouve le visage de Courbet sur les représentations de Saint-Jean, Saint-Vernier et même Jésus ! »
On sait que depuis l’Ecole secondaire ecclésiastique d’Ornans, ou petit séminaire, où Gustave Courbet est entré en 1831 à l’âge de 12 ans pour en ressortir vers 1837, un lien étroit s’est tissé entre les deux hommes. Il semble que, jusqu’à sa mort, Claude Antoine Beau a peint le visage adolescent de Courbet sur des personnages bibliques. Plutôt étonnant lorsqu’on connaît l’aversion du créateur du « Retour de la conférence » envers l’hypocrisie de certains ministres du culte en exercice, et les exemples de comportements de leurs futurs semblables.
Mieux encore. Claude Antoine Beau, en 1837, peint Saint-Vernier, le patron des vignerons sous les traits de son élève favori. Ce tableau, accroché sur l’un des murs de l’église d’Ornans, fait pratiquement face à un autre Saint-Vernier, reproduit sur l’un des vitraux du chœur de l’édifice religieux. Cette fois, il est adulte. « C’est impossible », rappelle Yves Messmer.
« Dans la mythologie chrétienne, ce jeune garçon de douze ans n’a jamais grandi puisqu’il a été assassiné - martyrisé - dans sa vigne. Pour une raison que nous recherchons aujourd’hui, un peintre a exécuté ce dessin, avec les traits de Courbet barbu, dans les années 1880, après la mort de ce dernier. Nous sommes face à une énigme que nous tentons de déchiffrer. » Pour Dominique Bourgeois, assistante à l’Institut Courbet, les dernières trouvailles ne sont pas tout à fait un hasard. « Il est tout à fait possible que les amis proches de Courbet et ceux qui ont examiné ses œuvres aient détecté ce qu’il voulait laisser transparaître de lui : une certaine religiosité enfouie dans son âme. Les modèles christiques transparaissent d’ailleurs dans sa lithographie de “Notre-Dame au chêne”, où une mère dit adieu à son fils qui part à la guerre, mais aussi dans son autoportrait à la pipe, plus tard reproduit pour son “Jésus à la pipe”.» Alors, Courbet était-il mystique ? Voulait-il prouver que les symboles sont plus forts que les hypocrites qui veulent les représenter ? Ou, plus simplement, souffrait-il d’un ego surdimensionné en se référant aux codes religieux pour s’identifier aux incompris et aux persécutés ?
L’exposition qu’Yves Messmer a montée à l’église d’Ornans jusqu’au mois de septembre tente, exemples à l’appui, d’y répondre. A l’heure actuelle, des experts parisiens se penchent sur ces questions. L’avenir dira si nous sommes à l’aube d’une révolution culturelle concernant Courbet, ou non..

In : Article paru dans l'Est Républicain le 22/07/2016.

• L’histoire mérite le détour. Direction La Barèche, un lieu-dit souvent ignoré des GPS. Le plateau de la Barèche surplombe la vallée de la Loue, son église est à la croisée des chemins des quatre villages qui se sont réunis pour la construire. Les traces les plus anciennes de cet édifice religieux remontent au XIIe siècle. Les habitants de Durnes, Echevannes, Voires et Lavans-Vuillafans viennent ici pour les baptêmes, les mariages et les enterrements. L’édifice vient tout juste d’être restauré par le syndicat intercommunal du secteur. Des travaux qui se sont révélés plus importants que le simple rafraîchissement prévu initialement.
Au départ, 265 000 euros avaient été prévus pour refaire les peintures de cette église du XVIIIe siècle mais finalement 450 000 euros ont été nécessaires pour rénover cet édifice dans les règles de l’art. La Fondation du patrimoine, des dons à la Fondation du patrimoine, l’Etat, le Département du Doubs, la paroisse, la réserve parlementaire du sénateur Jean-François Longeot et l’association Saint Hippolyte Les Durnes ont participé à cette restauration.
Mais, l’histoire ne s’arrête pas là ! En avril 2015, au tout début des travaux, les fervents défenseurs de l’église de la Barèche se sont souvenus d’une étrange démarche. En 1961, l’église avait également bénéficié d’une restauration. A cette époque, le goût était à la simplicité : il fut décidé de remplacer les 14 tableaux du chemin de Croix par de simples croix en bois, fabriquées par un artisan du secteur précise l’article retrouvé par Jean-Claude Gannard, le président de l’association Saint-Hippolyte Les Durnes.
Le journaliste de l’époque omet une information qui a toute son importance …Pour faire la place au nouveau chemin de croix, les 14 tableaux du chemin de croix sont relégués dans le clocher sans vraiment être protégés des outrages du temps et des pigeons. Peut-être, mon confrère ne savait-il pas que ces 14 toiles étaient signés Claude-Antoine Beau (Besançon 1792- Paris 1861). Ce peintre est bien connu des admirateurs de Gustave Courbet. Claude-Antoine Beau a été le premier maître de Gustave Courbet. Il lui a transmis le goût de peindre en extérieur. Au musée Courbet d’Ornans, vous pouvez voir un Saint-Vernier, Beau a pris comme modèle son élève, le jeune Gustave.
Beau était parti de Besançon pour Paris comme plâtrier, il est revenu dans sa ville natale comme artiste peintre. Difficile de connaître les circonstances de la commande de ce chemin de croix, une partie des archives de la paroisse de la Barèche ayant brulée.