Jules-Émile Zingg, né à Montbéliard (Doubs) le 25 août 1882 et mort à Paris le 4 mai 1942.
Le père de Jules-Émile Zingg est horloger.
Il entre à l'École des beaux-arts de Besançon dans l'atelier de Félix Giacomotti et y reste un an. Le 8 novembre 1902, il est admis à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier de Fernand Cormon. Il se spécialise dans la peinture de paysages. il est lauréat du prix de Rome de 1913 et remporte un prix national.
Jules-Émile Zingg expose à la Galerie Druet à Paris en 1918. Il fait la connaissance de Maurice Denis et de Paul Sérusier à Perros-Guirec.
Entre les deux guerres, il a pour élève Claude Génisson.
Jules-Émile Zingg est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1930.
• Zingg est avant tout Franc-Comtois, homme de rigueur et de volonté. Quand il peint, c’est à travers ce qu’il voit que sa peinture évolue, mais la nature profonde de l’homme ne change pas. En revanche le facteur temps agit en permanence sur ses concepts, que ce soit à la campagne, dans la solitude et dans le feu de l’action, ou à Paris dans les discussions entre artistes, critiques ou amateurs.
1912 est une année rupture dans le sens que Zingg prend conscience « d’une autre peinture » que celle qu’il a pratiquée sous l’autorité de Cormon à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, et qui, de 1906 à 1913 fut ponctuée de grandes toiles.
L’ouverture vers les Impressionnistes (que Cormon prenait pour des farceurs) à travers la donation Camondo léguée au Louvre, surtout à travers Cézanne, Van Gogh et Gauguin sera peu à peu déterminante.
Il entreprend alors dans l’enthousiasme un travail acharné de recherche sur des petits formats, qui lui permettent de renouveler rapidement des expériences de couleur, d’harmonie, de maîtrise de la touche et de synthèse.
Les séjours en Franche-Comté de 1912 (Raynans) , de 1913 (Belvoir) , de 1914 (Etobon), interrompu par la déclaration de la guerre, font parti du même état d’esprit.
Celui de 1915 est marqué par des préoccupations nabis, car il a été précédé par son séjour en Bretagne où il fait connaissance de Maurice Denis.
De novembre 1915 à fin 1916, à nouveau en Bretagne et à Paris, de plus en plus affligé par la perte de ses meilleurs amis peintres, morts à la guerre, il doit faire un effort pour se convaincre de l’utilité de l’art ( … j’espère de meilleurs jours pour entreprendre d’importants travaux – lettre au Pasteur Mathiod).
Au début 1917, il part comme volontaire avec Vuillard, en tant que peintre aux Armées sur le front de l’Est. C’est là paradoxalement, en partageant la vie dangereuse des combattants, que sa peinture retrouve une nouvelle vigueur.
Sitôt après cette mission, il rejoint en juillet l’Auvergne où sa femme l’attend à Contournât avec ses deux enfants. Séjour important de six mois qui confirme son évolution.
En 1918 il retrouve la Bretagne où il prépare sa première exposition prévue à la galerie Druet à Paris en novembre 1918. Cette exposition nous révèle une nouvelle orientation de son langage plastique, encres de chine, aquarelles et peintures, qui participent à sa période dite « japonaise ».
Zingg ne retrouvera la Franche-Comté qu’en 1919, à Etobon, le village qu’il avait quitté 5 ans auparavant peu après la déclaration de la guerre. Ce nouveau séjour de 3 mois l’invite à rendre un hommage agreste à ce pays qui lui promettait tant.
En 1919 - 1920, il fait de longs séjours à Paris. Il travaille en atelier de grandes toiles. Période décorative, puis constructive. Il s’interroge : Faut-il peindre de souvenir de façon à éviter cette foule de choses inutiles qui sollicite le regard…Ne pas se laisser dominer par la nature, cette maîtresse dont on jouit et qui est constamment changeante.
Le second séjour en Auvergne débute en juillet 1921. Il s’installe à Saint Saturnin et va rester sept mois dans la région. Il affirme, suite aux travaux d’atelier entrepris à Paris, une facture forte et volontaire à la carrure caractéristique qui marquera son oeuvre. Il résout maintenant ses interrogations dans l’action en pleine nature.
En 1924, il entreprend son troisième voyage en Auvergne, période haute en couleur, parfois à la limite de l’abstraction.
L’année 1925 sera une longue randonnée où il plantera le chevalet en Bourgogne au moment des moissons, puis s’installera dans la région d’Ornans et passera l’automne et l’hiver dans les Vosges en Alsace.
En 1926 - 1927, Zingg rachètera la maison de ses beaux-parents à Abbeville et se fera construire un atelier. Il a souvent travaillé en Picardie et en Baie de Somme qui lui révèlent une qualité subtile de lumière qui agit sur sa palette.
Pour être plus exhaustif, il faudrait citer d’autres séjours tels le Midi de la France à Saint Tropez en 1931, les Alpes, chez l’écrivain surréaliste Ribemont Dessaigne, et l’ltalie où il retrouve Derain en 1934.
En 1935, il achète une maison dans le Vexin français où pendant plus de cinq ans il va beaucoup travailler. Sa maison donne sur les collines de la Vallée de l’Epte et sur les plateaux argileux et cultivés en de grandes étendues de céréales.
Ce qu’il faut surtout retenir, quelque soit les lieux où il a peint, c’est la présence de l’homme dans son œuvre, dont les actes s’enchaînent en une succession d’attitudes bien décomposées. Zingg indique chacun de ses gestes d’un pinceau franc et sûr, coup après coup. Il a trouvé un rythme, une cadence pour exprimer la mobilité des scènes paysannes. Il entrevoit des toiles plus « décrispées » car il sent que la peinture doit être face au spectacle, aventure pour elle-même et témoin de son temps. Après 1935, il retournera chaque hiver dans le Jura un bon mois pour y retrouver la neige. Il écrira à un ami collectionneur : Il y a des Zingg partout, seulement il faut les faire.
In : latelierdutemps.com