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Alexandre Chazerand

Besançon, 1757 - Besançon, 1795


Né à Besançon, le 24 avril 1757 ; mort â l'hôpital de Besançon, le 22 avril 1795. Élève de Wyrsch à l'École de Besançon.

In : Dictionnaire des Artistes et Ouvriers d'Art de la Franche-Comté
Abbé Paul Brune, 1912


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• Alexandre Chazerand, né en 1757, et dont le nom figure dans quelques biographies, fut l'aigle de cette école [école de dessin fondée en 1773 par Wyrsch à Besançon]. Il était fils d'une marchande de légumes, et il en vendait encore sur la place avec elle, à l'âge de douze ans, lorsque M. de Lacoré, informé de ses dispositions pour le dessin, le confia aux soins de Wyrsch. Six ans après, il remportait le premier prix dans un concours assez fort, puisqu'il eut Jourdain pour concurrent. Quatre ans plus tard, il peignait, dans l'escalier de l'hôtel Camus, un plafond que les étrangers admirent encore : Thémis entourée des attributs de la justice. On lui doit aussi une charmante page : l'Assomption de la Vierge, où il s'inspira, pour la figure principale, d'une beauté que l'on exaltait alors et qui avait fait impression sur son cÅ“ur.
La madone de Chazerand est le portrait de la petite-fille du peintre Gresly, qui eut, dans sa province, à Paris même, une certaine réputation et à qui M. Weiss a consacré un article dans la Biographie universelle de Michaud.
Atteint par la décadence française, Chazerand, sous le fâcheux prétexte de sacrifier aux grâces, avait amoindri son style ; il appartient à cette génération qui, ne se souciant que de la correcte fluidité des lignes, s'imagina que l'art de peindre consiste à dessiner avec un pinceau au lieu de se servir d'un crayon.[…]
Chazerand, dont nous avons parlé, mourut jeune et découragé à l'hôpital, en 1795, injustement dédaigné par ses compatriotes qui, pour les travaux de la ville, l'évincèrent au profit d'étrangers. Quand on réorganisa l'école, en 1809, ils avaient à leur disposition François Jourdain, le second lauréat de la classe deWyrsch ; mais ils lui préférèrent un Dijonnais, nommé Paillot, auquel ils se contentèrent d'adjoindre Jourdain, qui fut le professeur sérieux de l'académie jusqu'à sa mort, en 1816. Son successeur, qui avait étudié sous Chazerand, il me l'a dit lui-même, et qui travailla ensuite avec Jourdain, continue, non la tradition, mais la filiation de Wyrsch, avec lequel on ne lui trouve aucune analogie, car il ne ressemblait à personne. Flajoulot, c'est le nom de ce personnage, a laissé dans la province une telle réputation d'étrangeté, que son souvenir s'y perpétue comme celui d'une créature fantastique.

Avec l'aimable autorisation de la Société d'émulation du Doubs
In : Francis Wey, Melchior Wyrsch et les peintres bisontins, Besançon, 1861.




C'est dans la nef de droite de cette église [église de la Madeleine à Besançon], à la chapelle de la Vierge, qu'est placé le beau tableau de l'Assomption, d'Alexandre Chazerand, de Besançon ; la composition de ce tableau est remplie de grâce et de légèreté ; l'exécution en est de la plus heureuse facilité. Cet ouvrage réunit à l'élégance et à la justesse du dessin, les charmes du clair-obscur et du coloris le plus délicat ; il est une preuve de ce que le génie peut produire de lui-même. Chazerand était jeune encore, sans moyens pour soutenir ses études ; il n'était jamais sorti de Besançon, sa patrie, et d'après ce qu'il nous a laissé de son talent peu commun, on ne peut que regretter que ce jeune artiste, enlevé trop tôt aux arts, n'ait pu parcourir une longue carrière après avoir formé son goût en visitant les chefs-d'Å“uvre de la capitale et de l'Italie. Chazerand était l'élève de feu M. Wyrsch, directeur de l'école de dessin de Besançon, qui excellait dans le portrait.

Annuaire départemental du doubs pour l'année 1843, Paul Laurens