François Perrier était l'un des peintres franc-comtois (avec Guillaume et Jacques Courtois) exposés au Muséum central des arts de la République (l'actuel musée du Louvre) dès son inauguration en novembre 1793. Sa carrière fut brillante et ses œuvres appréciées. Il côtoya notamment les peintres Simon Vouet et Charles Le Brun qui fut son élève.
Encyclopædia Universalis
Françoise Lempert, Perrier François - (1590-1650)
Après son retour d'Italie en 1630, François Perrier, peintre et graveur français, met à profit la leçon des Bolonais. Peintre de la réalité, tendance caractéristique de la première moitié du XVIIe siècle, il décore quelques maisons parisiennes de sa peinture colorée et mouvementée. Il se rend de nouveau à Rome et regagne Paris en 1645. Simon Vouet, alors en pleine gloire, le prend à son service. Perrier décore la galerie de l'hôtel de La Vrillière (actuellement Banque de France) dont seule la conception générale subsiste. La copie des chefs-d'œuvre de l'Antiquité à Rome lui ayant appris à regarder et à dessiner, Perrier ajoute à cet enseignement une grande émotion. Les Sainte Famille (tableaux pour l'hôtel Lambert) et Galatée représentent bien son art : la fantaisie n'y est jamais absente et la clarté des tons rappelle le style de Vouet. Après 1640, une nouvelle génération fait école, qui tempère toute fantaisie et dont l'émotion est plus retenue ; mais elle retiendra la leçon de François Perrier qui fut l'un des premiers maîtres de Le Brun et contribua à la fondation de l'Académie royale de peinture et de sculpture ; ils sont tous deux les initiateurs d'un art plus solennel et plus froid.
Larousse de la peinture
Après un premier apprentissage à Lyon, il part, encore jeune, pour l'Italie et reste quatre ans à Rome. Il est employé par Lanfranco, dont l'exemple devait le marquer durablement ; il collabore probablement avec lui à la coupole de S. Andrea della Valle (1625-1627) et travaille à Tivoli pour le cardinal d'Este. De retour en France, il s'arrête à Lyon (1629-30) et y décore avec Horace Le Blanc le cloître des Chartreux de dix fresques sur la vie de saint Bruno ; il peint une Cène pour le réfectoire et trois tableaux pour la chapelle. Il se fixe alors à Paris et travaille avec Simon Vouet au décor de la chapelle de Chilly (1631 ; auj. disparu). Il repart ensuite pour Rome et y reste dix ans (1635-1645). De ce séjour datent deux recueils de gravures d'après l'antique (1638 et 1645). Perrier travaille aux plafonds du palais Peretti (auj. Almagià ), en même temps que Grimaldi et G. B. Ruggieri. Ses décors (l'Aurore, Junon et Éole, Naissance de Vénus, Vénus dans la forge de Vulcain) témoignent, par la vigueur du modelé et la franchise du clair-obscur, davantage de l'influence de Lanfranco que de celle de Pierre de Cortone ; le rôle de ce dernier sur son art est pourtant notable et l'oriente vers une peinture plus souriante et fleurie. De retour à Paris en 1645, Perrier donne son chef-d'œuvre avec la voûte de la galerie de l'hôtel La Vrillière, actuelle Banque de France (Apollon et les Quatre Éléments, Quatre Parties du Monde, Diane et les nymphes). Le plafond, détruit, a été repeint au XIXe s. par les frères Balze. Perrier décora également, en même temps que Le Sueur, Romanelli et Berthollet Flémalle, le cabinet de l'Amour de l'hôtel Lambert (Énée combattant les harpies, Louvre). Il travailla aussi pour les religieuses de la Visitation, pour l'hôpital des Incurables, le Palais de Justice, les châteaux du Raincy et de Fresnes. Il fut en 1648 parmi les fondateurs de l'Académie royale de peinture. Perrier apparaît comme un artiste typiquement baroque, qui introduit en France le grand art décoratif romain, avec un goût pour des effets plus dramatiques que ceux, toujours plus élégants et détendus, recherchés par Vouet. L'influence de cette " grande manière " devait être capitale sur des artistes comme Dorigny et surtout sur Le Brun, qui fut tout jeune (v. 1632-1634) l'élève de Perrier et en garda une empreinte profonde. Des tableaux de l'artiste se trouvent au Louvre (Orphée et Pluton, Polyphème, Acis et Galatée), à Berlin (Cicéron atteint par ses meurtriers), à Épinal (Vénus et Neptune), à Lyon (David remerciant Dieu après la mort de Goliath), à Reims (Olinde et Sophronie), à Rennes (Séparation de saint Pierre et de saint Paul), dans la coll. Chigi de Castel Fusano (Lapidation de saint Étienne) et à Dijon, au musée Magnin (Serpent d'airain) et au musée des Beaux-Arts (Sacrifice d'Iphigénie, la Peste d'Athènes).
Dictionnaire des Artistes et Ouvriers d'Art de la Franche-Comté
Abbé Paul Brune, 1912
Né en 1590 à Salins (Jura), d'un orfèvre de cette ville, d'après Dom Grappin et M. Bourdon, à Saint-Jean-de-Losne (Côte-d'Or), d'après Courtépée ; mort à Paris, en juillet 1656.
Il reçut le surnom de "Bourguignon" qui, à cette époque ne s'appliquait généralement qu'aux Franc-Comtois. Après avoir quitté sa famille dès l'enfance, il arriva à Lyon, où, ayant appris le dessin et la peinture, il fit quelques ouvrages pour les Chartreux. Comme il n'avait pas les ressources nécessaires pour le voyage de Rome, il accepta, dit-on, de servir de guide à un aveugle qui s'y rendait en pèlerinage. À Rome, il se mit aux gages et à l'école de Jean Lanfranc, peignit des copies pour les marchands et finit par travailler pour de riches patrons, entre autres le cardinal d'Este, dans son palais de Tivoli. En 1630 quand il rentra en France, les Chartreux de Lyon lui confièrent d'importants travaux dans leur maison. À Paris, Simon Vouet le prit en collaboration au château de Chilly ; il fit ensuite les décorations des châteaux de Fresnes et du Raincy, ainsi que le plafond de la seconde Chambre des Enquêtes, au Palais. En 1635, il retourna à Rome et n'en revint que vers 1645, après la mort de Simon Vouet. Il peignit alors la voûte d'une galerie de l'Hôtel de la Vrillière (aujourd'hui Banque de France), une partie de la décoration de l'Hôtel de Lambert de Thorigny, dans l'île Notre-Dame, etc. Lors de la constitution de l'Académie de peinture et de sculpture, Perrier fut l'un des douze "Anciens" choisis par Le Brun qu'il avait compté au nombre de ses élèves, vers 1632.
Wikipedia
François Perrier est né à Pontarlier, en Franche-Comté alors en terre d'Empire, en 1594 : l’acte de décès du 2 novembre 1649, publié par Jacques Thuillier, indique qu’il est « âgé de cinquante cinq ans » à sa mort . Il a un frère, Guillaume Perrier, également peintre. Il apprend le dessin auprès de son père orfèvre et part à Lyon vers 1620 où il se forme dans l'atelier d'Horace Le Blanc. En 1624, il part pour Rome, où il entre dans l'atelier du peintre Giovanni Lanfranco, grand décorateur baroque. Il commence à travailler à fresque pour le dôme de l'église San Andrea della Valle — mais il est très difficile de savoir ce qui lui revient dans les œuvres de Lanfranco de cette époque. Il est possible qu'il ait alors vécu dans la maison de Simon Vouet, où se trouvaient également Charles Mellin et Claude Mellan . De retour en France, il travaille à Lyon en 1629 sous la direction de Horace Le Blanc et Jacques Sarazin au décor de la Chartreuse, en particulier dans le petit cloître les fresques représentant la vie de saint Bruno ; ces fresques ont aujourd'hui disparu ; il reste un tableau de Perrier dans le chœur de l'église : Saint Anthelme ressuscitant un mort.
Au début de 1630, il rejoint Paris où il est chef assistant de Simon Vouet. Il travaille avec lui à de nombreux chantiers dont celui du château de Chilly pour Antoine Coëffier de Ruzé, marquis d'Effiat où il peint le plafond de la chapelle (une apothéose de saint Antoine) . Il forme lui-même des élèves, dont Charles Le Brun et Charles-Alphonse Dufresnoy. Il pratique l'estampe et essaie d'y introduire la couleur avec Le Temps coupe les ailes de l'Amour (vers 1633-1634). À la fin de 1634 ou au début de 1635, il retourne à Rome et y demeure dix ans. Il devient peintre indépendant (à la fois à l'huile et à fresque) et travaille pour les familles Spada, d'Este, Peretti (il décore en collaboration avec Giovanni Francesco Grimaldi les plafonds de la galerie du palais Peretti-Almagia sur le Corso), ainsi que les palais Sacchetti et Giustiniani . Il est également actif dans le commerce de l'art. En 1638, François Perrier publie un recueil de cent planches à l'eau-forte, Segmenta Nobilium Signorum et Statuarum…, figurant les statues de Rome, puis en 1645 Icones et segmenta… quae Romae adhuc extant…, recueil de 55 planches reproduisant des bas-reliefs romains ; les commentaires de ce deuxième ouvrage sont écrits par Giovanni Bellori. Ces deux recueils de gravures, qui représentent les sculptures antiques que l'on pouvait voir à Rome au début du XVIIe siècle dans les palais et chez les collectionneurs, sont d'une importance fondamentale pour l'histoire de l'art gréco-romain ; ils ont servi de répertoires visuels des modèles classiques pour plusieurs générations d'artistes et d'amateurs européens. Perrier est cité à ce titre en 1662 dans le Het Gulden Cabinet de Cornelis de Bie. Ses estampes sont signées « Franciscus Perrier Burg. (ou Burgund.) », c’est-à -dire Burgundus : le Bourguignon.
Il publie aussi des eaux-fortes d'après les fresques de Raphaël à la villa Farnesina.
Ses tableaux sont appréciés en Europe. Orphée devant Pluton et Proserpine faisait partie des collections du roi Louis XIV ainsi que l’Acis et Galatée se dérobant au regard de Polyphème offert au roi par Le Nôtre . Vénus vient prier Neptune d’être favorable à Enée faisait partie des collections de peintures des princes de Salm confisquées lors de la Révolution française et conservées au Musée d'Épinal. Le Triomphe de Neptune ou l'apothéose du Dauphin, tableau d'apparat, se trouvait dans le cabinet de curiosités de Joseph Dorat seigneur de Noisy le Grand et sieur de la Barre.
À la fin de 1645 ou au début de 1646, il est de retour à Paris, où il est un peintre recherché. Il reçoit de nombreuses commandes pour des autels, à Paris (une Crucifixion vers 1645 pour le maître-autel de l’église parisienne Sainte-Geneviève des Ardens, détruite en 1747) et à Lyon, des peintures de cabinet ou de plus vastes décorations. Il réalise ainsi la décoration de la seconde chambre des enquêtes du parlement de Paris, et celle du Château du Raincy pour Jacques Bordier. Il peint la voûte de la Galerie dorée de l'hôtel de La Vrillière, l'actuelle Banque de France, où il représente des sujets mythologiques : le triomphe d’Apollon, dieu des arts ; l’Aurore ; la Nuit ; Neptune ; Junon ; Jupiter ; Proserpine. L’œuvre originale n’existe plus : lors de la restauration de la galerie de 1865 à 1869, les peintures de Perrier, en mauvais état, sont remplacées par des copies exécutées par les peintres Paul Balze et son frère Raymond. Il décore également le cabinet des Muses de l'hôtel Lambert, aux côtés d’Eustache Le Sueur.
Il se marie en 1648, a un fils, et participe la même année à la fondation de l'Académie royale de peinture et de sculpture, dont il est l'un des douze membres. Il est aussi membre de l'Académie de Saint-Luc à Paris, où il professait. Il meurt subitement en novembre 1649 à l'âge de 55 ans.
– Orphée devant Pluton et Proserpine, musée du Louvre, Paris
– Enée et ses compagnons combattant les Harpies, musée du Louvre, Paris
– Acis et Galatée se dérobant au regard de Polyphème, musée du Louvre, Paris
– L'Adoration du veau d'or, musées du Capitole, Rome
– Le Triomphe de Neptune ou l'Apothéose du Dauphin, collection particulière
– La peste d'Athènes, musée des beaux-arts, Dijon
– Le sacrifice d'Iphigénie, musée des beaux-arts, Dijon
– Apollon dans les forges de Vulcain, collection particulière
– Olinde et Sophronie sur le bûcher, musée des beaux-arts, Reims
– Vénus vient prier Neptune d’être favorable à Enée, musée départemental d’Art ancien et contemporain, Épinal
– Les adieux de saint Pierre et de saint Paul, musée des beaux-arts, Rennes.
– La mort de Cicéron, un des quatre dessus-de-porte peints en 1635 par Perrier pour la quinta stanza grande du palais Giustiniani à Rome, conservé dans les collections du château de Bad Hombourg en Allemagne (land de Hesse)
– Eric Schleier, Quelques tableaux inconnus de François Perrier à Rome, Revue de l’art, N° 18,‎ 1972, p. 39-46.
– Gilles Chomer, Les Perrier à Lyon : nouvelles données, dans Simon Vouet (Actes du colloque international, Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 5-7 février 1991), Paris, La Documentation française, 1992, p. 509-529
– Jacques Thuillier, Les dernières années de François Perrier (1646–1649), Revue de l’art, no 99,‎ 1993, p. 9-28 (lire en ligne [archive]).
– Dominique Brême, François Perrier, le plus romain des peintres classiques, L'Estampille-L'Objet d'Art, N° 310,‎ 1997, p. 33-39.
– Alvin L. Clark, Jr, François Perrier. Reflections on the earlier Works from Lanfranco to Vouet/ Les Premières Å’uvres, de Lanfranco à Vouet, Paris, galerie Eric Coatalem, 2001.
– Sylvain Laveissière, L’Antique selon François Perrier. Les Segmenta nobilium signorum et leurs modèles, dans Poussin et la construction de l’antique, actes du colloque, Rome, Académie de France, 2009), Paris, Somogy, 2011, p. 49-57.