Donat Nonnotte a le parcours "ordinaire", "classique", de nombreux peintres de ce siècle, une sorte de carrièrisme artistique soutenu par ce que l'on pourrait rétrospectivement appeler "les instances culturelles" de l'époque et, pour son cas particulier, par un heureux mariage…
• Né à Besançon, le 10 janvier 1708, mort à Lyon le 5 février 1785. Fils de Thomas Nonnotte et de Claudine Verrin, vignerons; frère cadet du jésuite adversaire de Voltaire. D'abord élève de Jean, son oncle, sous la direction duquel il peignit un Couronnement de la Vierge (église de la Madeleine, Besançon), daté de 1728. La misère ayant entraîné à Paris bon nombre de Franc-Comtois et quelques-uns de ses parents, il les suivit en 1728, et reussit à entrer chez le peintre François Lemoyne en 1731. La mort (1737) de cet artiste, qui l'employait à des travaux décoratifs avec Hallé, et celle du duc d'Antin qui lui faisait espérer une bourse de pensionnaire à Rome, le replongèrent dans la gêne. Il essaya de peindre quelques scènes mythologiques dans le goût de Lemoyne, mais ne réussit pas à triompher de ses concurrents, alors nombreux. Heureusement, dans la même année, il épousa Marie-Elisabeth Bastard de la Gravière, veuve d'Antoine Duchastel, bourgeois de Paris, sa voisine, qui lui apporta une modeste aisance. Il abandonna alors la peinture décorative et les sujets d'histoire pour s'adonner exclusivement au portrait. Membre de l'Académie royale de peinture, 1741, sur les portraits des professeurs Ulin et Leclerc ; associé de l'Académie des Beaux-Arts de Lyon, 1754, puis de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de la même ville et de celle de Rouen, il vint s'établir à Lyon en 1754, pour y donner des leçons de peinture à l'école gratuite que des amateurs éclairés venaient de restaurer sous les auspices de l'Académie royale de peinture. Il y remplaça Charles Grandon, en fut établi directeur en 1769, et fit de cette école l'une des plus florissantes de France. La ville de Lyon le nomma son peintre en titre le 4 décembre 1765, portant ses appointements de 500 livres à 1 200, contre engagement de fournir les esquisses, dessins et couleurs pour le feu d'artifice de la Saint-Jean et d'entretenir les peintures du grand escalier de l'Hôtel de Ville. Il mourut entouré du l'estime générale, laissant à l'Académie de Lyon d'intéressants mémoires, outre un Traité complet de la peinture et une Vie de François Lemoyne. I1 fut remplacé par le Suédois Pierre Cogell, qui lui avait été adjoint en 1779.
In : Dictionnaire des Artistes et Ouvriers d'Art de la Franche-Comté
Abbé Paul Brune, 1912
• Nonnotte (Donat) Peintre français, né à Besançon en 1708, mort à Lyon en 1785.
Il se fit remarquer par la Surprise de Besançon par les protestants en 1575, page remarquable par la disposition de l'ensemble et du coloris, mais où les personnages allégoriques sont trop multipliés. S'étant adonné à l'art du portrait, Nonnotte acquit une vogue méritée et fut admis à l'Académie de peinture en 1741. Parmi ses principaux portraits, rappelons celui du sculpteur Le Lorrain, gravé par J.-N. Tardieu, et celui de Gentil-Bernard, gravé par Daullé. On a de lui : un Traité complet de peinture, où il déploya beaucoup d'érudition et d'intelligence ; une Vie de Lemoine et un Discours sur l'avantage des sciences et des arts. Le musée de Besançon possède son portrait par lui-même et celui de sa femme Marie-Elisabeth Bastard de la Gravière, veuve d'Antoine Duchâtel, également par lui.
In : Les Hommes célèbres et les personnalités marquantes
de Franche-Comté. Du IVe siècle à nos jours. d'Émile Fourquet.
Nonotte, peintre du roi, frère du jésuite, et fondateur, en 1754, de l'école de Lyon, est le seul artiste bisontin un peu académique. Ses ouvrages sont rares. Un de ses arrière-neveux, M. Paul Laurens, possède, à Besançon, deux portraits curieux de cet artiste. Ils sont en buste, de grandeur naturelle ; ils ont, comme effet et comme relief, la valeur de deux peintures, et ce ne sont que des dessins à l'estompe remaniée avec le crayon. L'un représente le peintre Donat Nonotte lui-même, et l'autre son frère, que Voltaire a si cruellement malmené. L'auteur de Quelques erreurs de M. de Voltaire et du Dictionnaire philosophique de la religion, avait dans la physionomie, comme M. de Talleyrand que rappellent les traits de son visage, une expression particulière de fine malice et de distinction. Mais il a le regard moins fuyant, plus droit et un air d'autorité moins dédaigneux. C'est une figure où l'enjouement n'exclut pas la gravité. Ce jésuite était d'ailleurs un critique délicat, très loyal et fort modéré. Il eut l'esprit de mourir en 1793, avant que le souvenir de ses querelles avec Voltaire ne l'eut désigné à l'échafaud, dernier guignon qui aurait fort bien pu l'atteindre.
Avec l'aimable autorisation de la Société d'émulation du Doubs
In : Francis Wey, Melchior Wyrsch et les peintres bisontins, Besançon, 1861.
– Portrait de l'abbé de Lacroix-Laval, 1738, Lyon, musée des beaux-arts.
– Portrait d'Aignan-Thomas Desfriches, 1739, Orléans, musée des beaux-arts.
– Portrait de Sébastien Leclerc, fils, 1741, Versailles, musée national du château.
– Portrait de Jean Moyreau, 1742, Orléans, musée des beaux-arts.
– Portrait d'homme, 1747, Strasbourg, musée des beaux-arts.
– Portrait d'un homme dans son cabinet, 1748, Bordeaux, musée des beaux-arts.
– Portrait de femme en bleu, Paris, musée du Louvre (en dépôt à l'ambassade de France à Washington).
– Madame Nonnotte lisant Besançon, musée des beaux-arts.
– Portrait de madame Jordan en Diane, 1760, Lyon, musée des beaux-arts.
– Portrait de Jean-Gabriel Charvet, Versailles, musée national du château.
– Portrait de Pierre Dulin, Versailles, musée national du château.
– Portrait de femme, Lyon, musée des beaux-arts.
– Portrait du marquis de Vaudreuil.
– Portrait de Jacques de Flesselles, musée Carnavalet, Paris.