art, artiste, sculpture, sculpteur, Franche-Comté

Hugues Sambin

Gray, 1520 - Dijon, 1601


Hugues Sambin, est un artiste français, né vers 1520 à Gray, ville du comté de Bourgogne et mort en 1601 à Dijon, alors capitale du duché de Bourgogne sous hégémonie royale française.






L' « architecteur » Hugues Sambin

par M. Auguste CASTAN
mémoire lu, sous les auspices de la société d'emulation du doubs,
à la réunion annuelle des sociétés des beaux-arts, le 29 mai 1890.


Pendant la période plus de deux fois séculaire qui débuta par l'annexion du duché de Bourgogne à la France, après la mort de Charles le Téméraire, et se termina par la réunion définitive du comté de Bourgogne, ou Franche-Comté, à la France en 1674, les deux provinces voisines vécurent dans un état à peu près permanent de rivalité hostile. En dépit du traité de neutralité, condu dès 1512 pour supprimer entre les deux pays tout prétexte d'agressions réciproques, la Franche-Comté, qui appartenait à la maison d'Autriche, n'était pas toujours libre de refuser asile aux ennemis du roi de France ou à ses sujets rebelles : des représailles s'ensuivaient, et bien souvent l'ardeur bourguignonne fut aux prises avec la ténacité franc-comtoise1. Les guerres de religion accentuèrent encore l'animosité résultant pour les deux voisines des nationalités distinctes dont elles étaient tributaires. L'orthodoxie catholique et romaine s'incarnait dans le monarque qui comptait la Franche-Comté au nombre de ses domaines, tandis que la réformation religieuse rencontrait chez le roi très-chrétien de France des alternatives de protection ouverte et de tolérance déguisée. Les protestants trouvaient moyen de vivre en Bourgogne : au contraire, ils étaient impitoyablement exclus de la Franche-Comté. La ville libre de Besançon, située au cœur de cette province, avait même dû, par égard pour la politique intolérante de son gardien le roi d'Espagne, et de l'Empereur son suzerain, décréter l'expulsion de tous ceux de ses habitants qui étaient suspectés d'affiliation à l'hérésie ; puis, en 1575, il avait été fait un massacre de ceux de ces proscrits qui essayaient de retrouver leurs foyers par une rentrée violente. Six ans après ce massacre, quand l'administration communale de Besançon était encore étroitement surveillée par les agents inquisitoriaux de l'Espagne, on comprend difficilement que cette administration ait alors emprunté à la ville française de Dijon un architecte aimé du comte Léonor de Chabot-Charny, lieutenant général de Bourgogne, celui qui avait refusé, en 1572, d'obéir aux ordres royaux par lesquels il lui était enjoint de faire exterminer les huguenots de la province placée sous son autorité. Il pourra sembler plus étrange encore que ce même architecte, si longtemps employé par la ville de Dijon et par le gouvernement du duché de Bourgogne, soit devenu, vers la fin de sa carrière, l'ingénieur de la résistance qu'opposa la ville franc-comtoise de Salins aux deux attaques dirigées contre elle, en 1595, par les troupes du roi de France et de Navarre Henri IV, pour lequel les Chabot étaient des amis particulièrement dévoués. Je veux tenter d'expliquer ces anomalies apparentes et d'en faire surgir quelques inductions plausibles sur les origines de l'architecteur Hugues Sambin, le contemporain, le confrère et l'émule des Jean Goujon, des Philibert Delorme, des Ducerceau, des Bullant, des Jean Cousin, c'est-à-dire de l'un des artistes qui travaillèrent et réussirent à donner l'accent français aux importations de la Renaissance italienne.



I


Ainsi que la plupart de ses congénères, Hugues Sambin embrassa et sut associer divers ordres de connaissances artistiques2. Suivant qu'il s'agit de ses sculptures en bois ou de ses bâtisses en pierre, les documents lui donnent la qualité de menuisier ou celle d'architecteur. Comme sculpteur en bois, il est le créateur incontesté de l'Ecole bourguignonne de menuiserie d'art, celle peut-être qui a déployé dans la fabrication du meuble le plus de puissance décorative3. Comme architecte et même comme sculpteur en pierre, il est l'auteur d'une partie du portail si original de Saint-Michel de Dijon et de quelques constructions privées qui, dans cette même ville, se distinguent par une richesse ornementale habilement distribuée ; de plus, il a fourni les plans et dirigé la construction d'un corps de logis des bâtiments municipaux de Besançon, morceau d'architecture dont la charmante façade, qui sert actuellement de frontispice au palais de justice, unit à l'élégance du dessin des effets réussis de coloration dérivant du judicieux emploi de matériaux lapidaires diversement teintés. Quelques hôtels de Besançon, contemporains de cette façade, ont avec elle une parenté de style qui semblerait l'indice d'une communauté d'origine. Sambin fit en outre fonction d'ingénieur, tant à Dijon qu'à Salins, et il mit au jour un curieux livre sur les Termes (ou cariatides) dont on use en architecture, série de compositons où l'ingéniosité suit une marche graduelle pour aboutir à des conceptions de la plus extrême fantaisie.
Pas plus que ses confrères et émules dont j'ai ci-dessus rappelé les noms illustres, Hugues Sambin n'a eu de son temps les honneurs d'une notice4. A Dijon, où la majeure partie de son évolution d'artiste s'est effectuée, il a laissé une réputation qui dure encore5 ; mais le premier essai d'étude sur l'ensemble de son œuvre date seulement de 1854 : c'est l'un des chapitres du mémorable ouvrage de M. le marquis de Chennevières sur les artistes provinciaux de l'ancienne France6. Plus tard, en 1870, puis en 1879, j'ai révélé ce que Hugues Sambin avait produit à Besançon comme architecteur et comme menuisier7. Ces années dernières, les écoles provinciales de menuiserie ayant été mises à l'ordre du jour de la curiosité publique, Hugues Sambin, créateur de l'une de ces écoles, obtint une belle place dans les savants ouvrages publiés sur le Meuble, par MM. Alfred de Champeaux8 et Edmond Bonnaffé9. Rappelé de la sorte au souvenir des érudits de l'ancienne capitale du duché de Bourgogne, Hugues Sambin fut, en 1888, l'objet de quatre articles pleins d'intérêt que M. Henri Chabeuf publia, sous le pseudonyme André Arnoult, dans le Journal des Arts10. Enfin, tandis que j'essayais de jeter un peu de lumière sur les origines et les derniers emplois de Hugues Sambin, M. Noël Garnier interrogeait, au sujet du même artiste, les archives communales de Dijon, et les textes qu'il en a extrait, textes dont il m'a communiqué libéralement la substance, ont déjà permis à lui et à moi de remplacer par des faits précis un certain nombre de traditions légendaires11.



II


Hugues Sambin est présumé avoir vu le jour entre les années 1515 et 152012.
« Était-il né à Dijon ? » se demandait déjà M. le marquis de Chennevières13, mais pour se faire aussitôt à lui-même la réponse judicieuse que voici : « Je laisserais au moins la question indécise, et le doute serait vivement nourri en moi par les deux expressions de son titre et de sa dédicace : architecteur de la ville de Dijon, — demeurant à Dijon. Il eût été mieux dans l'usage de ce temps-là de dire : Hugues Sambin, dijonnais, architecteur ».
Il est admis généralement aujourd'hui que Sambin n'était pas né à Dijon14; mais d'où y était-il venu ? Guy Allard, dans sa Bibliothèque du Dauphiné, ayant indiqué « Sambain (Hugues) » comme « architecte de Vienne en 1570 et mort à Dijon15 », on est parti de là pour faire de Vienne en Dauphiné la patrie de notre artiste16, en mettant d'ailleurs sur le compte d'un tempérament méridional supposé l'exubérance décorative de quelques-unes de ses productions17. Mais un document ayant révélé que Sambin avait eu l'un de ses fils établi à Blois comme « maistre orologeur », on eut aussitôt l'idée de faire du Blésois la patrie d'origine de notre artiste18. Qu'il y ait eu à Vienne des gens dont le nom se rapprochait de celui de Sambin, que notre architecteur ait trouvé à caser à Blois, comme « orologeur », l'un de ses fils, il ne saurait en résulter, selon moi, la présomption que lui-même ait été originaire de l'une ou de l'autre de ces deux villes.
On a écrit nombre de fois que Hugues Sambin avait été élève de Michel-Ange19 ; « élève et ami », a-t-on même ajouté. Rien n'est moins prouvé que ces allégations : aussi M. le marquis de Chennevières20 a-t-il pu laisser à entendre qu'elles dérivaient principalement de ce qu'il y a dans le portail de Saint-Michel de Dijon, attribué à Hugues Sambin, un bas-relief qui relève du sentiment michelangesque et représente, comme la fresque maîtresse de la Sixtine, le Jugement dernier.
Sambin nous a renseigné lui-même sur la nature de ses premières études. « Pour ne tomber », écrivait-il, « au sépulcre d'inutilité, je devois commencer à mettre en lumière et proposer aux hommes quelque chose qui appartint à l'architecture, à laquelle je me suis adonné dès mes premiers ans, avec diligente application de mon esprit, sans avoir discontinué21 ».
En écrivant qu'il s'était adonné dès ses premiers ans à l'architecture, Hugues Sambin affirmait implicitement qu'il avait pour cette étude écouté des leçons ou imité des exemples, et ses ouvrages ont un caractère assez accentué pour qu'il soit possible d'en supputer les origines. La tradition qui fait de Sambin un élève de Michel-Ange affirme que le goût florentin se remarquait dans ses productions. Or, à l'époque où Sambin était apprenti, les jeunes artistes de la région française n'avaient pas besoin de franchir les monts pour recevoir l'initiation florentine. La colonie italienne établie à Fontainebleau par François Ier, protégée ensuite par la Florentine qui était devenue la femme du Dauphin de France, cette colonie, dis-je, avait envoyé des maîtres-décorateurs sur divers points du territoire français. L'un de ces maîtres, que l'on appelait Dominique Florentin, s'était établi et marié à Troyes dans le premier quart du seizième siècle. « Comme beaucoup d'artistes du seizième siècle », a dit de lui M. Albert Babeau22, « il était à la fois architecte, peintre, graveur, sculpteur, ou, comme on disait alors, tailleur d'images ». L'influence considérable qu'il eut à Troyes est assez analogue à celle qu'exerça, un peu plus tard, Hugues Sambin dans la capitale du duché de Bourgogne. Entre les ouvrages de ces deux artistes, il y a d'ailleurs plus d'une relation de style. Et si l'on fait intervenir cette circonstance que Hugues Sambin s'était allié à une famille originaire de Troyes, une présomption viendra s'ajouter aux indices qui porteraient à croire que Dominique Florentin, domicilié à Troyes, avait été l'un de ses maîtres. Un autre artiste de même nationalité, mais plus spécialement architecte, semblerait aussi avoir été pour quelque chose dans l'éducation de Hugues Sambin : je veux parler de Galeazzo Alessi, le constructeur de la plupart des palais qui ont mérité à la ville de Gênes d'être surnommée la Superbe. Cet artiste, prodigieux par sa fécondité, engendra des édifices un peu partout ; il mourut le dernier jour de l'année 1572. L'un de ses chefs-d'œuvre, comme construction civile, se voit à Milan : c'est le palais qu'il y vint bâtir, vers 1560, pour Tommaso Marino, duc de Terranuova, palais qui est devenu l'hôtel de ville de la grande cité lombarde. Dans le riche encadrement de la cour de ce palais, les motifs d'ornementation ont une parenté frappante avec ceux qui caractérisent la plupart des compositions de Hugues Sambin : cariatides coiffées avec des volutes de chapiteaux, guirlandes de fruits décorant des frises, cartouches rectangulaires renfermant des figures mythologiques ou des trophées militaires. Si Sambin n'a pas été directement l'élève de Galeazzo Alessi, il s'est visiblement, selon moi, inspiré de sa manière plantureusement décorative ; et comme Alessi avait Michel-Ange pour idéal, la tradition qui fait de Sambin un élève de Michel- Ange ne serait qu'à moitié mensongère.



III


Dans le rôle des contribuables de la ville de Dijon pour 1548, le maître menuisier Jean Boudrillet, qui jusqu'alors avait été porté sur les rôles à titre de simple individu, se trouva l'objet de cette mention plus compliquée : « Boudrillet et son gendre ». Ce gendre, qui venait d'entrer en ménage avec son beau-père, s'appelait Hugues Sambin. Familièrement on l'appelait Huguet, et lui-même se désignait ainsi dans sa monumentale signature23. Par son mariage, il faisait alliance avec la menuiserie, qui était alors un art, et à cet art il devait accorder une large place dans les occupations de sa longue et laborieuse carrière. Quel avait été le motif de cette évolution du jeune architecteur ? La pensée de venir plus facilement en aide aux siens pourrait bien avoir été ce motif. En effet, deux jeunes garçons, Guillaume Sambin et Claude Sambin, employés à trois sous par jour, secondent Hugues Sambin, vraisemblablement leur frère aîné, dans les travaux décoratifs entrepris, avec Jean Boudrillet, pour l'entrée à Dijon du roi de France Henri II, le 1 er juillet 154824.
Dix sous par jour sont le loyer de Jean Boudrillet et de Hugues Sambin, celui-ci déjà qualifié maître25 : maître en maçonnerie sans doute, car sa réception comme maître menuisier, par la municipalité de Dijon, ne date que du 8 mars 154926. Dès la fin de cette même année, Sambin retrouvait l'occasion d'associer ses talents d'architecteur à l'adresse acquise dans sa nouvelle profession : c'est encore dix sous par jour qu'il gagne, à titre de « lambroisseur », c'est-à-dire de poseur de lambris, lors de la décoration des rues par lesquelles Claude de Lorraine, duc d'Aumale, devait faire son entrée à Dijon, comme gouverneur du duché de Bourgogne, le 31 décembre 1550. Les services de plus d'un genre27 qu'il rendait à la chose publique motivèrent une requête, en date du 15 octobre 1554, par laquelle « Huguet Sambin, menuysier, demeurant en ceste ville de Dijon,... au service et gaige de maistre Jehan Boudrillet, son beau-père, ne tenant aulcun feu, famille ni bouticle sepparée de luy », réclamait contre la taxe de dix sous tournois dont il était indûment frappé, et la chambre de ville l'exonérait « en faveur », disait-elle, « des services qu'il a faictz à la ville, et pour ceste fois, sans tirer à conséquence28 ». Ce Jean Boudrillet était de Troyes en Champagne : il était venu à Dijon en 1527, pour entreprendre la sculpture des stalles de l'église abbatiale de Saint-Bénigne29, et son atelier avait été mis en renom par cet important travail. Hugues Sambin ayant repris, comme gendre, la suite des affaires de Boudrillet, et sa réputation s'étant élevée plus haut que celle de son beau-père, la tradition, qui souvent devient légende, a interverti les deux existences : de sorte qu'il est généralement admis30 que les stalles de Saint-Bénigne sont l'œuvre de Hugues Sambin31, aidé dans ce travail par un prétendu gendre, dont le nom est devenu « Gaudrillet » sous la plume des historiens. Hugues Sambin ayant certifié, par sa signature monumentale mise au bas delà susdite requête, que « maistre Jean Boudrillet » était bien « son beau-père », il n'y a plus lieu de tenir compte de la tradition légendaire qui donnait un gendre à Hugues Sambin vingt et un ans avant son propre mariage.32
Dix ans après ce mariage, c'est-à-dire en 1558, le rôle des contribuables de la ville de Dijon ne porte plus : « Boudrillet et son gendre » ; il dit, au contraire, « maistre Hugues Sambin et son sire33 beau-père Boudrillet ». Sambin était donc devenu le maître de la boutique illustrée par la confection des stalles de Saint-Bénigne, et son beau-père, le sire Boudrillet, comme on l'appelait par déférence, ne travaillait plus que pour aider son gendre. Celui-ci avait besoin d'ailleurs qu'un homme ayant sa confiance surveillât son atelier, car lui-même était fréquemment détourné de la menuiserie par des occupations d'un autre ordre. En 1557, il fournissait à la ville de Dijon le plan d'un abattoir qu'elle projetait de construire entre le rempart et la porte d'Ouche34. Au début de l'année 1559, la chambre de ville lui allouait dix livres « pour le temps qu'il avoit employé à visiter l'artillerie de la ville », pour avoir fait « plusieurs modelles pour l'équipage d'icelle, et mesmement pour avoir faict ung modelle de l'avertissement du sieur de Villefrancon, lieutenant pour le Roy », comme aussi « pour l'édiffice d'une nouvelle porte advisé estre nécessaire à faire à l'endroit de la rue es Chanoines, au lieu de la porte neufve desmolie pour la construction du boulevard de Saulx et de ses courtines35 ». Peu après, bien qu'il fût toujours qualifié menuisier, on le voit chargé, avec l'arpenteur Fleutelot, d'accompagner le maire et les échevins de Dijon à Sainte-Foy, pour « voir le cours du Suzon où l'eau se perd36 » . Sambin « aurait même indiqué dès lors comme pouvant être amenées à Dijon, les sources abondantes du Val-Suzon, ce qui fut réalisé deux siècles et demi plus tard37 ».
L'entrée du roi de France Charles IX à Dijon, le 22 mai 1564, fit apprécier une fois de plus l'ingéniosité de Hugues Sambin. Les préparatifs de cette solennité comportaient des arrangements de divers genres ; une délibération municipale du 7 avril 1564 en confia la direction à Sambin, dans les termes suivants : « Pour la conduitte desdictz ouvraiges, spéciallement de la menuserie, mistères et figures, est commis maistre Hugues Sambin, menusier, auquel sera accordé de ses jornées et vaccations, et sera faict marchef en bloc et en taiche aux ouvriers, et non à la jornée, afin de mieulx diligenter et accélérer lesdictz ouvraiges. — Sur ce a esté mandé ledict Sambin, et a prins et accepter la charge de superintendant et conducteur desdictz ouvraiges ; et luy a esté accordé vingt solx par jour à prendre dèz le premier jour de ce mois qu'il y a esté employé et à faire des portraictz ». Vingt sous par jour ! Sambin n'en avait touché que dix dans des circonstances analogues, en 1548 et 1550. Notre artiste eut cette fois à recruter un assez grand nombre d'auxiliaires, entre autres « quatre molleurs ». Deux de ceux-ci furent pris dans sa famille : c'étaient Jean Boudrillet, son vieux beau-père, et son fils aîné, David Sambin, alors âgé d'environ quinze ans, mais ayant déjà l'intelligence assez ouverte pour être autorisé à donner des acquits au nom de son aïeul38.
Ce fut vers cette époque de son existence que Hugues Sambin dut intervenir dans la construction du portail de Saint-Michel de Dijon. On n'est pas fixé sur la part qu'il prit à ce bel ouvrage, et pourtant la tradition lui en attribue tout le mérite39. Un seul détail de cet ensemble est signé de son nom : c'est le grand bas-relief cintré qui décore, en manière de tympan, la porte principale de l'église. « Une telle sculpture » a dit M. de Chennevières, « élève Sambin à la hauteur des plus grands artistes, et mériterait, même dans l'Italie de son temps, le titre de chef-d'œuvre40 ». Malheureusement la signature hugue sanbin, que porte ce bas-relief, est évidemment apocryphe : aussi conteste-t-on aujourd'hui à Sambin la paternité de ce morceau d'art absolument supérieur41. On se refuse à admettre qu'un décorateur de profession ait pu, dans une occasion unique, faire une composition aussi grandiose et la modeler aussi magistralement. Cependant l'attribution traditionnelle est là, et des révélations documentaires pourraient seules l'anéantir. Et puis il ne faut pas oublier que Sambin vivait à une époque où les plus grands artistes pratiquaient habituellement un ou plusieurs métiers et ne produisaient que par occasion des œuvres de haut style. La qualité professionnelle qui suivait leur nom ne laissait pas soupçonner leurs affinités avec le grand art. Un exemple m'en est fourni par les agissements d'un confrère et collaborateur de Sambin. En effet, lorsque celui-ci vint à Besançon, dans l'été de 1581, pour donner le plan du corps de logis communal qui a procuré depuis une élégante façade au palais de justice de cette ville, un artiste de la localité avait reçu la commande d'une statue en pierre devant symboliser la Force, pour équilibrer dans ladite façade une statue de la Justice, antérieurement faite. Cet artiste se nommait Gédéon Coillot. Le prix de sa statue « en pierre vergenne » lui fut soldé en plusieurs payements. Dans l'article de comptabilité relatif au premier payement, Gédéon est qualifié « architecteur » ; dans l'article concernant le second payement, on lui donne la qualité de « menusier42 » . La statue de la Force, qui n'a pas quitté sa niche, témoigne que Gédéon Coillot, appelé tour à tour, comme Sambin, menusier et architecteur, savait à l'occasion sculpter en pierre avec une certaine habileté.
Si l'on a jadis outragé la vraisemblance en faisant de Sambin l'ami de Michel-Ange, on commettrait une exagération en sens inverse si l'on réduisait la valeur du même artiste à celle d'un « grand manieur de cariatides !43 ». De cet élément décoratif il savait à l'occasion s'affranchir : la façade qu'il dessina pour la municipalité de Besançon en est un témoignage. Aussi la paternité de cette façade lui a-t-elle été contestée, en dehors de toute investigation documentaire, par celui de ses biographes qui se refuse le plus énergiquement à voir en lui l'auteur du bas-relief représentant le Jugement dernier44. Les documents avaient contredit à l'avance les objections émises au sujet de la façade de Besançon, et il ne serait pas impossible qu'il en advînt de même au sujet du bas-relief de Dijon. Jean Cousin, l'un des émules de Hugues Sambin, fut tour à tour « peintre, sculpteur, dessinateur, écrivain d'art, graveur à l'eau forte (peut-être quelquefois sur bois) et géomètre ». On a également essayé de rayer de son œuvre quelques-uns des morceaux que la tradition lui attribuait ; mais « l'universalité réelle et non mythique de son talent45 » n'a encore subi aucune atteinte décisive46.
La tour du nord de Saint-Michel de Dijon porte le millésime 1570. La même date est inscrite sur une belle lucarne qui se voit dans la rue de la Manutention, morceau dont M. Henri Chabeuf a cru pouvoir dire : « Si Sambin a laissé à Dijon une œuvre sculptée dans la pierre, c'est celle-ci47 ». Vers le temps où se faisaient ces ouvrages, Hugues Sambin fut pris en estime par le lieutenant général de la province de Bourgogne, Léonor de Chabot-Charny, grand seigneur éclairé qui avait eu le bon goût de commander à Jean Cousin le tombeau de son père l'amiral, dont la statue demeure l'une des œuvres supérieures de la sculpture française au seizième siècle. Non seulement ce généreux personnage accepta la dédicace que lui fit Sambin du livre sur les Termes dont on use en architecture, volume édité à Lyon en 157248, mais encore il chargea l'auteur d'exécuter des travaux importants dans son château de Pagny. Sambin était installé depuis vingt-deux mois dans cette résidence, avec sa femme et ses enfants, au « service domestique » de la maison de Chabot- Charny, quand, à la date du 1er décembre 1573, la Chambre de ville de Dijon reconnut que sa résidence étant hors de cette ville, il ne devait plus y être imposé49.
Il avait réélu domicile à Dijon en 157750. On voit, en effet, son fils aîné David, qui depuis treize années le secondait dans ses travaux, obtenir, à la date du 12 septembre 1577, une remise d'impôt, « en faveur et considération des services que ledict Hugues Sambin père (maistre architecteur) a faict à la ville51 ».
Sambin était rentré à Dijon pour mettre ses talents au service d'un travail considérable. Déjà, pendant qu'il était occupé au château de Pagny, on l'avait requis, pour le service du Roi, de se rendre à Nuits, en compagnie de Germain Chambrette, maître charpentier, à l'effet de tirer le plan d'une chapelle que l'on désirait imiter au fond de la salle d'apparat qui allait être construite dans le palais de justice de Dijon52. Cette constitution fut entreprise au mois de décembre 159353. On en adjugea la menuiserie d'art à Hugues Sambin. Un ordre de payement du 15 septembre 1583 l'atteste en ces termes : « A Hugues Sambin, maistre menusier de ceste ville de Dijon, la somme de vingt-quatre escuz, laquelle nous lui avons ordonnée et ordonnons par la présente, pour le parfaict payement de la somme de neuf vingtz dix-huict escuz, à laquelle il avoit marchandé les ouvrages de menuserie à faire, tant pour la fermeture de la chapelle de la salle dudict palais, vossure d'icelle, que une petite porte pour entrer en la chambre du scrin (des archives), avec ung châssis et une fenestre qui donne sur ladicte porte54 ». Au cours de cette opération, Sambin avait été chargé, cette fois en qualité d'architecte, de visiter les bâtiments du palais, à l'effet de déterminer le meilleur emplacement pour établir une chambre des requêtes : de cette chambre, il avait donné « le plan et model en deux diverses sortes, sur lesquelles auroit esté advisé le plus commode » ; en outre, il avait assisté à la délivrance des ouvrages et les avait « fait entendre aux ouvriers55 ». Mais le nom de Hugues Sambin demeure particulièrement attaché à la splendide clôture en bois qui sépare la chapelle de la salle dite autrefois des procureurs et qui se nomme aujourd'hui Salle des pas perdus. « L'ensemble de cet œuvre », a-t-on pu dire, « est sans contredit une merveille; ici encore, nous retrouvons la profusion sculpturale qui existe à l'entrée du palais, ce qui indique bien que les mêmes artistes ont travaillé à son exécution. En somme, c'est un chef-d'œuvre digne d'être considéré comme le résumé des efforts et du talent sculptural des artistes bourguignons56 ». Si la porte d'entrée du palais, qui n'a pas changé de place, est, comme tout l'indique, un ouvrage de Hugues Sambin, ce morceau met à son actif « un des plus élégants et des plus riches spécimens de la sculpture sur bois du seizième siècle57 » . Quant à la petite porte à un vantail du « scrin », c'est-à-dire des archives ou du trésor, elle appartient aujourd'hui au Musée de Dijon ; c'est un « bon morceau de sculpture décorative, taillé virilement en plein bois, un peu abrupt peut-être, fier cependant, sain et de bonne race58 » .
En même temps que Sambin achevait le plus grand ouvrage de menuiserie qu'il eût jamais fait, il était mandé à Besançon, comme architecteur, pour fournir à la municipalité de cette ville les plans d'un corps de logis communal. Ce monument, transformé depuis en palais de justice, n'a cessé de plaire autant par l'élégance pondérée de ses lignes que par l'harmonie de coloration des matériaux bien choisis qui le composent59. Deux constructions privées de la même ville, qui portent l'une et l'autre le millésime de 1582, ont un cachet de distinction très spéciale dont je m'étais autorisé jadis pour en attribuer, par conjecture, la paternité à Hugues Sambin60, alors honoré des faveurs de la municipalité bisontine. Ces faveurs sembleraient lui avoir été obtenues par l'un des membres de cette municipalité, le cogouverneur Ferdinand Gauthiot d'Ancier, qui d'ailleurs l'avait personnellement employé pour la confection de quelques beaux meubles. Deux de ceux-ci, un cabinet et une table, l'un et l'autre richement sculptés, appartiennent au Musée d'antiquités de Besançon et y représentent dignement l'école bourguignonne de menuiserie d'art61. Le même établissement possède un orifice de jet d'eau en bronze, ayant la forme d'une gaine décorée de trois cariatides en haut relief62, morceau qui vraisemblablement provient du verger des Gauthiot d'Ancier63 et s'accorde bien avec le style des compositions ornementales de Sambin. C'est également de ce style que procède la composition d'un frontispice dessiné à la plume, en 1583, pour l'ornementation de la copie manuscrite d'un code de la police municipale de Besançon64, ouvrage compilé jadis sous les auspices de Simon Gauthiot d'Ancier, aïeul et auteur de la fortune du cogouverneur qui, à l'époque où la copie fut faite, était à Besançon le principal client de l'officine dijonnaise de Hugues Sambin.
Dans les intervalles des nombreux voyages qu'il faisait à Besançon, pour suivre la construction du corps de logis municipal terminé seulement en 1585, Sambin étudiait à Dijon, comme ingénieur, le projet qu'avait conçu la municipalité de cette ville de rendre la rivière d'Ouche navigable jusqu'à la Saône65.
Sur ces entrefaites, un de ses fils, appelé Bénigne, quitta la maison paternelle pour aller s'établir à Salins, en Franche-Comté. Une délibération de la municipalité salinoise, prise à la date du 1er mars 1584, relate le fait en ces termes : « Maistre Bénigne Sanbin, paintre, a esté reçeu habitant moyennant un crucifix qu'il donnera à la ville, comm'il a promis, pour mectre à la maison de ville, en valeur de douze escus. » Un autre de ses fils, appelé Jacques, était parti, on ne sait quand, pour Blois, y avait élu domicile comme « maistre orologeur », s'y était marié et avait eu un fils, nommé François, qui devait, en 1618, renouer à Dijon avec la profession de menuisier et se montrer fier du renom laissé en cette ville par son aïeul66.

Cependant Hugues Sambin continuait d'être employé à Dijon, soit par la ville, soit par le gouvernement de la province de Bourgogne67. La dernière commission de ce genre que les documents mentionnent appartient à l'année 1587 ; elle a été résumée en ces termes : « Visite par le trésorier Jean Jacquot, assisté de Hugues Sambin, architecq, des réparations à faire au château de Riveau, à Autun, et à d'autres places68 » .



IV


La guerre civile qui, dès la fin de l'année 1588, divisa les municipalités et les grandes familles de la Bourgogne en deux camps, celui des Royalistes et celui des Ligueurs, dut nécessairement tarir dans cette province les sources du travail artistique. Et puis, Sambin put avoir des motifs de ne pas s'enrôler politiquement sous le drapeau franchement royaliste de la famille de Chabot-Charny, dont il avait éprouvé les bienfaits. Après qu'il eut prêté serment au parti de la Ligue et confirmé cet acte par sa signature apposée sur le Livre vert de l'hôtel de ville de Dijon, sa situation devint sans doute difficile à soutenir en face de certaines personnalités qui lui avaient été propices. Aussi ne tarda-t-il pas à disparaître de la scène dijonnaise. Son refuge dans cette circonstance fut la province de Franche-Comté, où nous allons le voir agir pour la seconde fois69.

On sait que le parti de la Ligue, qui préférait pour le trône de France une fille du roi catholique des Espagnes au protestant français Henri de Bourbon, roi de Navarre, eut la province de Bourgogne comme boulevard suprême de ses efforts. Les troupes qu'y commandait le duc de Mayenne se ravitaillaient par la Franche-Comté, alors relevant de la couronne d'Espagne. Pour couper les vivres à ses adversaires, le prince qui déjà s'appelait Henri IV lança sur la Franche-Comté, au début de l’année 1595, deux gentilshommes lorrains, Tremblecourt et d'Haussonville, avec une petite armée de saccageurs et de pillards. Lui-même, après qu'il eut gagné la bataille de Fontaine-Française, entreprit à son tour de ravager et surtout de rançonner la Franche-Comté, alors réputée terre espagnole. Entre les places plus ou moins fortes de cette province, la ville de Salins était particulièrement importante à préserver des atteintes d'un envahisseur : elle abritait une source salifère qui fournissait le sel à toute la Franche-Comté et à une grande partie de la Suisse70. Dès les premiers symptômes de l'invasion franco-lorraine, le gouvernement de la Franche-Comté s'était préoccupé de la défense de cette place, et la municipalité avait eu souci d'en mettre les fortifications sur pied de résistance. Pour cela elle avait dû chercher un architecte ayant en même temps les aptitudes d'un ingénieur. Hugues Sambin, réunissant ces deux talents, la municipalité le prit à ses gages, vers la fin de janvier 1595, en qualité de « maistre architecteur », moyennant un traitement de cinquante francs par mois, tant qu'elle userait de ses services71.

Ce fut au maître maçon Guillaume Bercin que la municipalité salinoise confia le soin d'aller quérir l’architecteur : leurs « despens de bouche », pendant le voyage, furent remboursés à Sambin ; ils s'élevaient à dix-huit francs, sept gros72.
L’architecteur fonctionna pendant le mois de février et toucha la somme mensuelle convenue de cinquante francs ; puis il quitta le service pendant les mois de mars et d'avril, pour le reprendre au début de mai et ne l'abandonner qu'à la fin du mois d'août73.
Durant cette période, la ville de Salins ne cessa de travailler activement à munir ses bastions et ses remparts. Son conseil de guerre alla même jusqu'à décider que l'on ferait « venir de Besançon un personaige propre à faire de la poudre et à empoisonner les basles, haches, flèches et autres instruments de guerre74 ». A deux reprises, la ville fut menacée par l'ennemi. « Dans la nuit du 3 au 4 mars, survint, en effet, près du couvent des Capucins, un corps de gendarmerie, composé de Français et de Lorrains, qui somma la ville de se rendre au roi de Navarre et de France. Pour toute réponse, la garde bourgeoise fit feu sur l'ennemi, saisit l'arme blanche et s'élança avec une telle impétuosité, que, dans un engagement qui dura près de deux heures, les assaillants perdirent un grand nombre de leurs soldats... ; le surplus se retira à la hâte75 ». Le 9 août suivant, après le traitement barbare infligé par le maréchal de Biron aux défenseurs de la petite ville d'Arbois76, Henri IV, sollicité par une ambassade des Ligues suisses de ne pas attaquer Salins, déclara, mais après avoir reconnu les difficultés de cette attaque, que, moyennant une contribution de 30,000 écus, il épargnerait la place. Les Salinois obtinrent de plus un délai pour examiner cette proposition, et le monarque décampa avant d'avoir obtenu de leur part le moindre subside77.
« Il y eut au voisinage de Salins quelques escarmouches ; mais déjà le 26 août, cette ville se regardait comme rendue à la tranquillité et dispensée de la contribution qu'on avait voulu lui imposer78 ». Le 26 août est précisément la date du dernier payement fait à l’architecteur dont elle avait utilisé le talent durant la période d' « éminent péril ».
Le pacte de neutralité, qui préservait la Bourgogne et la Franche-Comté d'agressions réciproques, n'ayant pas tardé à être rétabli par l'entremise des Suisses, Hugues Sambin put regagner Dijon, avec la certitude de n'y être pas traité en ennemi. On retrouve son nom sur la liste des contribuables de cette ville pour 1599 et 1600. Au mois de juin de l'année suivante, on le voit encore prendre part à l'élection du maire de Dijon79 ; puis son nom disparait pour toujours des listes de la population dijonnaise. Sa mort doit conséquemment être placée entre le mois de juin de 1601 et le mois de juin 1602.
Son fils aîné David, qui n'avait cessé d'être associé à ses travaux, était mort de la peste, lui et sa femme, en 1585, et le collecteur des impôts, en rayant ce nom de son rôle, écrivait en marge : « Mort paouvre80 » . Pauvre aussi mourut Hugues Sambin, car il avait été chargé de famille81, et son bon cœur l'avait porté à se rendre plus d'une fois caution de confrères malheureux82.



V


J'ai dit, au début de cet opuscule, que j'essayerais de soulever, par induction, un coin du voile qui dissimule les origines de l'artiste dont je viens d'esquisser la biographie. Hugues Sambin était marié et avait un établissement à Dijon; mais il n'était pas Dijonnais. Comment la ville de Salins fut-elle conduite à l'engager, en 1595, pour mettre ses fortifications en état de résister à l'ennemi français qui ravageait alors la Franche-Comté ? L'un des fils de Sambin, nous l'avons vu, était établi à Salins, comme peintre, depuis 158483. Cette circonstance avait procuré sans doute à l’architecteur des relations avec les personnages importants du lieu ; mais sa nationalité n'en devait être que mieux connue à Salins, et si cette nationalité avait été française, on ne comprendrait pas que la municipalité salinoise l'eût engagé et surtout que le gouverneur espagnol de cette place84 l'eût toléré dans un poste qui lui conférait le mandat de dresser des batteries contre les Français ? Si le rôle alors rempli par Hugues Sambin semble témoigner qu'il n'appartenait pas à la nationalité française, il en résulte au contraire la présomption que cet artiste avait ses origines dans la province dont on le chargea de défendre les salines, c'est-à-dire le principal trésor. Mais le nom de Sambin, orthographié conformément à la signature de l’architecteur, se rencontrait-il vers ce temps dans une localité franc-comtoise ? Oui, répondrons-nous, et dans une localité assez voisine de la ville de Salins, c'est-à-dire à Saint-Claude du Jura, siège d'une antique abbaye dont le titulaire avait les prérogatives d'un souverain. L'une des portes de l'enceinte du château fort de Saint-Claude s'appelait Porte Sambine, et l'appellation Combe-Sambine sert encore à désigner un vallon du même territoire. Bien plus, à une époque peu éloignée de la naissance de notre architecteur, on constate l'existence à Saint-Claude d'une famille du nom de Sambin, qui avait en cette ville une situation des plus honorables. Le notaire Louis Sambin et son frère Henri, ce dernier qualifié noble, siégèrent successivement au conseil communal de Saint- Claude, de 1475 à 153685.
Cette localité était déjà, au seizième siècle, un centre important de sculpteurs sur bois. Les imageurs et tailleurs d'images s'y trouvaient alors assez nombreux pour former une corporation distincte des tourneurs et des fabricants de patenôtres86. Un tel milieu semblerait donc avoir été propice à l'épanouissement d'une vocation comme celle qui fit de Hugues Sambin le créateur de l'Ecole bourguignonne de menuiserie d'art.