art, artiste, peintre, peinture, Franche-Comté

« Être à la chaîne d'un soleil à l'autre ; avoir à peine les dimanches et les fêtes pour prier Dieu ; ne peindre presque rien de son goût et de son génie ; avoir mille autre embarras qu'il serait trop long de vous expliquer ; tout cela me ferait bien vite reprendre le chemin de l'Europe, si je ne croyais mon pinceau utile pour le bien de la religion et pour rendre l'empereur favorable aux missionnaires qui la prêchent, et si je ne voyais le paradis au bout de mes peines et de mes travaux. C'est là l'unique attrait qui me retient ici, aussi bien que tous les autres Européens qui sont au service de l'empereur. »

Jean-Denis Attiret, Dole, 1702 - Pékin, 1768,
Lettres du père Attiret, peintre au service de l'empereur de la Chine



Attiret / Machard / Breton




Jean-Denis Attiret, peintre officiel de l'empereur de Chine

Dole, 1702 - Pékin, 1768

J'ai été reçu de l'empereur de la Chine aussi bien qu'un étranger puisse l'être d'un prince qui se croit le seul souverain du monde, qui est élevé à n'être sensible à rien, qui croit un homme, surtout un étranger, trop heureux de pouvoir être à son service et travailler pour lui. Car être admis à la présence de l'empereur, pouvoir souvent le voir et lui parler, c'est pour un Chinois la suprême récompense et le souverain bonheur. Ils achèteraient bien cher cette grâce, s'ils pouvaient l'acheter. Jugez donc si on ne me croit pas bien récompensé de le voir tous les jours. C'est à peu près toute la paye que j'ai pour mes travaux ; si vous en exceptez quelques petits présents en soie, ou autre chose de peu de prix, et qui viennent encore rarement  ; aussi n'est-ce pas ce qui m'a amené à la Chine, ni ce qui m'y retient.[…]

Quant à la peinture, hors le portrait du frère de l'empereur, de sa femme de quelques autres princes et princesses du sang, de quelques favoris et autres seigneurs, je n'ai rien peint dans le goût européen. Il m'a fallu oublier, pour ainsi dire, tout ce que j'avais appris et me faire une nouvelle manière pour me conformer au goût de la nation : de sorte que je n'ai été occupé les trois quarts du temps qu'à peindre, ou en huile sur des glaces, ou à l'eau sur la soie, des arbres, des fruits, des oiseaux, des poissons, des animaux de toute espèce, rarement de la figure.[…]

Tout ce que nous peignons est ordonné par l'empereur. Nous faisons d'abord les dessins ; il les voit, les fait changer, réformer comme bon lui semble. Que la correction soit bien ou mal, il en faut passer par là sans oser rien dire. Ici l'empereur sait tout, ou du moins la flatterie le lui dit fort haut, et peut-être le croit-il : toujours agit-il comme s'il en était persuadé.

Jean-Denis Attiret,
Lettres du père Attiret, peintre au service de l'empereur de la Chine,
in : Lettres édifiantes et curieuses, t. 3, 1736-1781,
chap. Lettres de Chine sous l'empereur Kien-Long, publiées sous la direction de Louis-Aimé Martin, 1843..

Jean-Denis Attiret, Portrait de Ulanara,
vers 1750, © musée des Beaux-Art de Dole.

Jean-Denis Attiret,
L'empereur Qianlong en costume de cour.
Musée de la Cité interdite, Pékin ?


Le portrait interdit (2017)

Drame historique franco-chinois réalisé par Charles de Meaux.

Le Portrait interdit met en scène un frère jésuite, Jean-Denis Attiret, devenu peintre officiel à la cour de l'empereur Qianlong et qui se voit confier le portrait de l'impératrice Ulanara, une ancienne concubine ayant succédé à la première femme de l'empereur. Une relation trouble s'installe entre le peintre et son modèle dont il n'est resté d'elle que ce portrait à la sensualité énigmatique.

Avec Melvil Poupaud et Fan Bing Bing.
Cliquez sur l'image pour voir la bande-annonce du film.



Jules Machard : des ponts et chaussées aux salons parisiens

Sampans (Jura), 1839 - Meudon, 1900

« (Mme Cottard s'adressant à Swann) Je ne vous demande pas, Monsieur, si un homme dans le mouvement comme vous a vu, aux Mirlitons, le portrait de Machard qui fait courir tout Paris. Eh bien, qu'en dites-vous ? Êtes vous dans le camp de ceux qui approuvent ou de ceux qui blâment ? Dans tous les salons on ne parle que du portrait de Machard, on n'est pas chic, on n'est pas pur, on n'est pas dans le train, si on ne donne pas son opinion sur le portrait de Machard. »

Marcel Proust,
Du côté de chez Swann.



En 1865, rétabli de son infortune, Machard put enfin se présenter au concours du Prix de Rome. Annuel pour les sculpteurs et les peintres, le concours se déroulait en deux étapes. Les candidats devaient dans un premier temps réaliser une esquisse peinte sur un thème donné. La deuxième épreuve consistait à exécuter une œuvre achevée dans un délai de deux mois. En peinture, un format de un mètre cinquante sur un mètre quatre-vingt était imposé. À l'issue du concours d'esquisse peinte qui, en 1865, avait pour sujet Adraste tuant Athys, fils de Crésus, Machard fut classé quatrième. Le sujet de l'épreuve de peinture fut le suivant : Orphée, debout devant Pluton et Proserpine assis sur leur trône, chante en s'accompagnant sur sa lyre ; Eurydice, gardée par Mercure, attend avec inquiétude l'arrêt qui doit la rendre à la lumière ou la maintenir dans l'ombre éternelle. Le jury se prononça le 20 août 1865, jour de l'exposition des ouvrages des élèves à l’École des Beaux-Arts. Machard remporta le premier Grand Prix grâce à une composition simple, mais efficace, qui fut accueillie assez favorablement par la critique.

Pour Machard, nouveau lauréat du Prix de Rome, l'avenir fut alors moins sujet à inquiétude. La réussite au concours lui offrait la possibilité de passer quatre à cinq années en Italie, le berceau de l'art européen, le pays du Titien, de Michel-Ange et de Raphaël. Machard savait sans doute qu’il n'était encore qu’un néophyte, et que son talent ne s'épanouirait qu’à force de travail et d'humilité. Il partit pour Rome en janvier 1866.

Élisabeth Coulon
extrait de la biographie de Jules Machard
in : Jules Machard, le culte de la ligne
coll. Musée, musée des Beaux-Arts de Dole, 2003.


Jules Machard (1839-1900),
Jeune femme en tenue de soirée assise près d'un bouquet d'hortensias, coll. part.

Jules Machard (1839-1900), Angélique,
© musée des beaux-arts de Dole.


Luc Breton, émule de Pigalle et du Bernin

Besançon, 1731 - Besançon, 1800

Luc-François Breton était né à Besançon, le 6 octobre 1731, mais ses parents, appelés à vivre à Pontarlier où ils eurent d'autres enfants, et par ailleurs peu fortunés, durent le confier dès son jeune âge à son oncle et parrain, l'avocat bisontin Luc Breton. Après de modestes études à l'école paroissiale de Saint-Maurice, l'enfant fut mis d'abord en apprentissage chez un menuisier, puis, aidé par une bourse municipale, entra dans l'atelier du maîtres-sculpteur sur bois, Julien Chambert, où, pendant dix ans, il étudia la sculpture décorative. Il s'y distingua bientôt par son habileté, et tout porte à croire qu'il collabora aux décorations ornementales que le Chapitre demanda à Chambert d'exécuter à la cathédrale. Mais il visait plus haut et déjà s'amusait à modeler d'après des estampes. Son apprentissage fini, il partit pour Dole présenter quelques-unes de ses ébauches au sculpteur Attiret.

À cette époque, en Comté, la renaissance artistique commencée depuis la conquête de la province par Louis XIV. s'affirmait en de nombreuses constructions nouvelles, auxquelles architectes, et décorateurs collaboraient. Les sculpteurs sur bois exerçaient en de nombreux chantiers un art régional, dans lequel, du reste, ils excellaient. Mais les sculpteurs sur pierre étaient encore rares et, maintes fois, il fallut faire appel à des artistes étrangers à la province pour des travaux de ce genre. D'autre part, bien que la question de sa création se fut posée dès 1711, il n'existait encore aucune école artistique dans la province pour préparer de jeunes sculpteurs. Au xviiie siècle, après la mort de Louis XIV, le monopole des arts était passé de Versailles à Paris et désormais nulle barrière infranchissable ne se dressait devant le provincial désireux de s'initier aux méthodes des grands maîtres : chaque artiste en renom réunissait autour de lui, dans son atelier, un essaim d'élèves. Il était facile d'y pénétrer, et Paris était ainsi devenu le pôle d'attraction de la jeunesse comtoise : déjà les peintres Donat Nonote et Gaspard Gresly étaient allés s'y perfectionner.

Lucie Cornillot,
Société d'Émulation du Doubs,
séance publique du 15 décembre 1938.


Luc Breton,
Portrait présumé du général anglais Wolfe,
© musée des beaux-arts de Besançon.

Luc Breton, Saint Jérôme écrivant,
© musée des beaux-arts de Besançon.


Miyeon Chon / Rémi Lombardot
Le Manoir, Mouthier Haute Pierre, 23.04 - 03.06 2018

Le Manoir de Mouthier Haute-Pierre, dans la haute vallée de la Loue est une bâtisse reconstruite au xviiie siècle, sur des caves toujours présentes du xvie siècle. Elle fut, le siècle dernier, successivement un hôtel restaurant réputé, puis un centre d’accueil pour jeunes Allemands en difficulté.
Aujourd’hui le Manoir est un centre d'art et de villégiature. Un concept unique qui associe art, hébergement et promenades culturelles. Il est géré par l'association des Amis du Manoir de Mouthier Haute-Pierre

Le Manoir présente, à partir du 23 avril et jusqu'au 3 juin, les tableaux de Miyeon Chon et de Rémi Lombardot.

DAS





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