« Tous mes tableaux sont empruntés au Jura, non que je me sois proposé de représenter les sites de ce beau pays, le mien, mais plutôt son caractère et sa couleur propres(...). Et n'étant pas encore parvenu à réaliser en cela mon idéal, je continue et continuerai jusqu'au bout de m'y efforcer, quitte à laisser croire chez moi à l'impuissance de faire autre chose. »

Auguste Pointelin

Sobriété, abstraction, mélancolie, paysages et couleurs froids, désolation, tristesse… Auguste Pointelin est une sorte de mystique en marge des courants artistiques de son époque. Pointelin réduit, au fil du temps et à force d'âpre et nécessaire simplicité, l'espace de ses tableaux à une dualité Terre-Ciel traversée parfois par la chétivité d'un arbre qui relie de sa fragile ténuité ce qu'une mélancolique errance de notre psyché peut nous faire percevoir comme l'austère représentation de la matière et de l'esprit.

Les tableaux de Pointelin disent, dans une langue simple et émondée des fioritures pittoresques, bien plus que les paysages du Jura. La simplification abstractive des couleurs et de la forme ainsi que la répétitivité inlassable du motif suscitent chez le spectateur une sorte de contemplation qu'on dirait être involontaire, presque superfétatoire si l'on pouvait apprécier vraiment son art sans y apporter les artéfacts de nos expériences respectives. Peut-être les poèmes de Pessoa ou les natures mortes de Morandi donnent-ils aussi à voir et à ressentir les mêmes choses que montrent les tableaux de cet obscur et infatigable professeur de mathématiques jurassien.

 

 

Les musées de Dole, d'Arbois et de Pontarlier rendent hommage le temps d'un été (et d'un automne) à ce peintre prolifique mais méconnu.

Le musée de Dole a mis les petits plats dans les grands et a pu réunir, au fil d'une exposition chronologique, des œuvres qui se répondent bien dans une scénographie à la fois sensible, aérée et intelligente. L'œuvre du peintre respire bien tout au long des salles dans une continuité qui semble toute naturelle et qui ne laisse pas d'étonner par sa cohérence.

Le discret et très élégant musée Sarret de Crozon à Arbois a quant à lui mit l'accent sur le Pointelin pastelliste. Le pastel fut remis au goût du jour au XIXe siècle et Pointelin l'exerça pendant près de 30 ans. Comme au musée de Dole on peut suivre le cheminement artistique, le synthétisme toujours plus affirmé de sa production. Une œuvre et un lieu à découvrir.

À Pontarlier le musée municipal met en exergue l'influence qu'exerça la peinture de Pointelin "sur les artistes exposés au Salon des Annonciades à Pontarlier de 1930 à 1950 : Robert Fernier, peintre pontissalien et organisateur du Salon, Emmanuel Templeux, peintre arboisien proche de Pointelin". Intéressant parcours au milieu des influences qu'il donna ou qu'il reçut, celle du peintre arboisien Victor Maire notamment.

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