L'art en Franche-Comté : les XVIIe et XVIIIe siècles

les xviie et xviiie siècles


Peut-être qu'un des changements les plus notables du XVIIe siècle, pictural s'entend, est le paysage (si l'on excepte la "redécouverte" de la scène de genre). Le paysage pour le paysage, pour lui-même… Même s'il contient encore et (presque) toujours fabriques et figures, même s'il est toujours moral, idéal, même s'il n'est pas naturel…

Il y a là, me semble-t-il, comme une sorte de glissement sémantique et hiérarchique, l'arrière-plan vient, monte, prend la place du premier plan, c'est lui le sujet. Il n'est plus là que pour habiller (s'il ne fut jamais là que pour cette raison…), que pour donner une profondeur atmosphérique au sujet, mais joue le rôle de jeune premier à l'intérieur duquel le monde s'organise…




Jacques Courtois, le Bourguignon des batailles, ou François Perrier sont un peu oubliés aujourd'hui, leurs étoiles ont pâli… Ont-ils jamais eu la notoriété des Valentin de Boulogne, des Poussin ou encore des Vouet ? Je ne saurais le dire… Mais, quoi qu'il en soit, Perrier tient toujours une place tout à fait honorable au Louvre au milieu des noms de ceux que l'histoire de l'art a préféré retenir… et notre propos, rappelons-le, n'est pas tant de digresser en vaines lamentations ou en éloges aussi illusoires que dithyrambiques mais bien plutôt de ramener dans la lumière les artistes de notre région, du plus humble au plus fameux.

Il n'est pas mauvais également, de se (re)mettre parfois à l'esprit que la vie artistique de l'époque ne naissait pas forcément dans les métropoles… de constater, toujours également et avec une certaine jubilation, que les siècles passés ont été plus généreux en artistes de talent que notre bon vieux XXe… mais c'est sans doute moi qui ne voit pas très bien et il se trouvera peut-être une âme charitable qui saura déciller mes yeux fatigués… quant au XXIe… il est encore un peu vert…

Je suis surpris également, mais je ne devrais sans doute pas l'être, par la qualité et le rayonnement de leurs œuvres, dispersées dans le monde entier et par leurs parcours d'artiste… Et l'excès d'absence, on me pardonnera l'oxymore, des contributions littéraires et universitaires n'est finalement que relatif… Il y a tout de même matière si l'on cherche un peu.

Jacques Courtois, Vallée rocheuse, rocky valley
Jacques Courtois (1621-1676), Vallée rocheuse, Art Gallery of South Australia, Adelaïde.

Quelques très beaux seconds couteaux également au XVIIIe siècle. J'apprécie particulièrement les paysages à la façon de Poussin ou du Lorrain de Jean-Pierre Péquignot. Péquignot parfaitement oublié et qui finit lamentablement ses jours à Naples, miné par l'excès d'alcool et de solitude, mais qui laisse derrière lui quelques paysages magnifiques… à défaut d'une rue à son nom dans la ville qui l'a vu naître…

Allons ! Mettons nos pas dans ceux de ces hommes que le génie fit cotoyer l'Histoire, la guerre et les mystères chrétiens, le merveilleux et le tragique, ou encore les sublimes paysages d'Italie et peut-être en sortirons-nous quelque peu grandis…
Peut-être…