peintre, art, artiste, Franche-Comté

Gustave Brun

Dole,1817 - Dole, 1881


Edme Gustave Frédéric Brun, né le 23 novembre 1817 à Dole et mort dans cette même ville le 12 février 1881 a été un artiste libre-penseur, de nombreuses toiles accréditent l'idée d'un peintre doté d'un esprit libertaire, irrévérencieux et anticlérical.


Le musée de Dole conserve un bel ensemble de tableaux de Gustave Brun, qui, dans son testament, avait légué à sa ville natale ses deux maisons pour que les revenus en soient affectés aux pauvres, ainsi que les tableaux présents dans son atelier et sa demeure. Formé dans l'école municipale de dessin dirigée par Séraphin Désiré Besson, peintre et sculpteur, fondateur et premier conservateur du musée, puis à l'école des beaux-arts de Paris par le peintre et illustrateur comtois Jean François Gigoux, Brun effectua la quasi-totalité de sa carrière dans sa cité natale dont il peint avec bonheur les alentours (bords du Doubs, forêt de Chaux). Sa production de paysagiste n'est qu'un versant de son œuvre, car il excelle dans la peinture sociale, reflet de son réalisme humanitaire et engagé, à travers des scènes de genres qui figurent avec émotion les plus démunis, ou qui sont conçues comme une féroce satire de la société bourgeoise de la seconde moitié du xixe siècle (Le porteur de contraintes, La vente de la maison, Dieu prodigue ses biens à ceux qui ont fait vœu d'être siens.

Gustave Brun, Dieu prodigue ses biens à ceux qui fait vœu d'être siens
Gustave Brun, Dieu prodigue ses biens à ceux qui font vœu d'être siens, 1874, © Dole musée des beaux-arts.




Gustave Brun, L'Ivrogne
Gustave Brun, L'Ivrogne, © Dole musée des beaux-arts.




Gustave Brun, Vue de Dole
Gustave Brun, Vue de Dole, © Dole musée des beaux-arts.

Le tableau Echange de bons procédés, peint trois ans avant la mort de Brun, illustre les rapports étroits entre l'armée et le clergé après la révolution de 1848. Il brocarde avec virulence l'alliance du « sabre et du goupillon » dans une œuvre au réalisme vibrant renforcé par la tonalité sombre de la palette. Les deux protagonistes de la scène seraient deux jurassiens, le militaire Joseph Weber et l'abbé Charmier, curé de Lavans-les-Dole, échangeant le shako (coiffure militaire), la bouffarde (pipe), et le bréviaire du prêtre. La toile est significative de l'anticléricalisme du peintre qui, républicain et libre penseur, avait adhéré dans les années 1850 au club des carmélites installé dans l'ancien carmel de la ville, dont la finalité était « l'instruction du peuple, le maintien de la République et l'avènement des saintes doctrines socialistes ». Lors de l'enterrement civil de l'artiste, le conservateur du musée de Dole, Stéphane Charpy, prononça un discours qui résume en quelques lignes la carrière et l'œuvre de ce « Zola de la peinture » : « Son pinceau facile et plein de finesse rend avec une expression rare et attachante le côté drolatique de la vie rustique ; d'autres fois, son humeur s'attaque, au travers du cléricalisme ou aux appétits insatiables d'un créancier. Tous ses tableaux sont d'une exécution consciencieuse et le côté moral s'y montre toujours dans une manière bruyante et capricieuse qui lui est propre ».

Bénédicte Gaulard,
in : Guide - musée des beaux-arts de Dole, 2009.